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lundi 27 septembre 2010

Un homme et une femme se retrouvent devant leurs tasses de café à moitié refroidis à force de le mélanger ; le café n’est qu’un prétexte. 
Le mur qui les sépare : un petit bout de céramique rempli de liquide noir, amer, refroidi qui donne un aspect plat aux désirs ronds, qui les camouffle.
Ils se regardent plus ou moins discrètement, les questions, toujours les mêmes : impavides, sottes, typiques : qu’est ce que tu fais dans la vie, tes rêves, tes amours, tes espoirs, ton passé, ton futur. 
Et à la fin ce sentiment stupide et rassurant de tout savoir, d’avoir tout cerné de l’autre.
Est-ce que c’est bien ainsi ? 
Le couple se regard, s’observe : elle a des beaux yeux malgré les petites ridules qui commencent à pointer, il a un beau sourire, qu’elle a de si belles jambes… et lui… ses mains…
Pourtant… ce mur dressé par une tasse de café imbuvable… 
Je te connais : je sais ton prénom, ce que tu fais dans la vie, tes rêves et tes espoirs, tes lectures et tes musiques même ! Et pourtant… tu demeures une inconnue… avec laquelle je suis mariée depuis presque dix ans !!
Cette inconnue qui se pointe au rendez vous posé la veille c’est bien toi avec qui je me suis mariée depuis longtemps : et ce n’est que devant cette tasse de café refroidi que je remarque que ces jambes qui ont enlacée les miennes centaines de fois sont belles, je ne savais même pas que tu aimais Mozart ou que tu avais lu Stendhal… je viens de le savoir ! 
Se réinventer. Réinventer la vie. Réinventer le couple usée, désabusé. Repeindre les vieux murs écaillés de nos relations, refaire les vieux systèmes comme on retouche délicatement un meuble ancien : précieux mais abimé… le résultat peut être surprenant. 
Quelqu’un m’a dit une fois : "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux." Je ne me souviens plus qui…
Je n’en sais rien… par contre c’est une citation de Proust… répondit-elle.
En effet… Proust ! conclut-il
Et ils éclatèrent de rire. 
On peu connaitre chaque centimètre de la peau de l’autre sans connaitre même pas un bout de son cœur. 
Les mots, « il faut se méfier des mots » autant que le l’absence des mots. 
Il faut se réinventer, repeindre les vieux murs pour savoir ce que ça donne. Repeindre les relations comme on repeint une maison, et ce n’est qu’après qu’on peut… ou non… partir ou rester, quand il n’y a plus rien a sauver, quand il faut fuir pour ne pas étouffer, pour ne pas se laisser étouffer. Ouvrir les fenêtres grand, claquer la porte doucement et laisser la place aux autres, trouver sa place ici ou ailleurs.

Redevenir la fée à la place de la femme. 

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